Extrait d’entretiens de maître Nishijima à la radio 1 de la NHK, 1994

Le Bouddhisme est centré sur l’action, et sur l’acceptation de la situation réelle, celle qui est devant nous dans notre vie de tous les jours ; mener une vie sincère.

De nos jours, on use l’une des deux attitudes fondamentales de la vie quotidienne : positive, optimiste, ou négative, critique. J’ai l’impression que la majorité des gens, dans les sociétés modernes, ont un point de vue critique, pessimiste, ou négatif : que devrions nous faire pour les armes nucléaires ; que devons-nous faire pour préserver la terre de la pollution ; comment résoudre le problème de la couche d’ozone ; qu’est-ce que les hommes sont stupides pour créer des situations comme la Somalie ; pourquoi les pays d’Europe de l’Est sont toujours en train de se battre ?

Ces sortes de soucis pessimistes sont des vues négatives et sont largement répandus. Mais ce n’est pas la voie bouddhique. Nous vivons juste au moment présent. Nous nous concentrons et agissons à ce moment. Aussi longtemps que nous agissons au moment présent, en faisant des efforts pour améliorer la situation, nous sommes libres de l’angoisse et de la souffrance.

En général, on pense que les religions embrassent cette sorte d’attitude “concernée”, ce qui est fondamentalement pessimiste. Cela provient d’une croyance, qui veut que notre monde soit plein de péché et d’impureté. Si nous nous forçons à aller de l’avant en nous efforçant de nous débarrasser de la face mauvaise du monde, de sorte que seule reste la bonne, nous finissons par nous sentir anxieux et pessimistes. C’est là un aspect habituel de la religion.

Mais le Bouddhisme n’a pas de tel point de vue. Il n’y a pas d’impératif pour améliorer la réalité. Nous acceptons la merveille du monde tel qu’il est. Cette attitude d’accepter les choses comme elles sont est notre état naturel ou originel. Si notre comportement s’égare de la voie naturelle, nous générons notre propre insatisfaction et nous mettons à nous plaindre. C’est ce qui nous conduit à avoir une vision pessimiste et négative du monde.

Evidemment, il y a des choses qui se produisent, dans la vie, qui nous rendent malheureux parfois, mais la question, c’est de savoir si cette sorte de point de vue est la vue fondamentale correcte.