zendogensangha

Extraits adaptés de Dōgen E., Shōbōgenzō, 2019

Le bouddha dit :

Ne pas commettre de mauvaises actions,

Pratiquer sincèrement de nombreuses sortes de bien.

Parmi le bien, le mal et l’indifférent, il y a le mal. Sa nature est juste non-apparition, c’est-à-dire que son état est celui de l’instant présent. La nature du bien, la nature de l’indifférent, et ainsi de suite sont aussi non-apparition. Ils sont sans excès, c’est-à-dire qu’ils sont tels qu’ils sont.

Dans le mal, Il y a des similitudes et des différences entre des époques antérieures et des époques ultérieures. Il y a des similitudes entre le mal en ce monde et le mal en d’autres mondes. La différence est grande entre le mal moral, le bien moral et l’indifférent moral dans le bouddhisme et dans le monde séculier. Le bien et le mal sont temps ; le temps n’est ni bien ni mal. Le bien et le mal sont dharma ; le dharma n’est ni bien ni mal. Lorsque le dharma est équilibré, le mal est équilibré. Lorsque le dharma est équilibré, le bien est équilibré

Quand on entend : « ne commettez pas de mauvaises actions. » Si cela ne sonne pas comme « ne commettez pas de mauvaises actions », c’est peut-être un enseignement des démons. Ce « ne commettez pas de mauvaises actions » n’a pas été mis en place et puis maintenu intentionnellement dans sa forme actuelle par l’homme ordinaire ; quand on entend l’enseignement qui est devenu le prêche de la bodhi, il sonne bien comme « ne commettez pas de mauvaises actions ». Quand on se sont transformés en l’entendant, on espère ne pas commettre de mauvaises actions, on continue de le mettre en œuvre, et les mauvaises actions continuent de ne pas être commises ; dans cette situation, le pouvoir de la pratique est instantanément réalisé. Cette réalisation est réalisée à l’échelle de la totalité de la terre, de la totalité du monde, du temps et du dharma.

En devenant bouddhas, on fait pratiquer le bien-et-le mal, la cause-et-l’effet, mais cela ne veut pas dire qu’on trouble ou qu’on produit intentionnellement la cause et l’effet qui, à l’instant même nous font pratiquer. Lorsqu’on les examine ainsi, les mauvaises actions sont réalisées comme étant la même chose que “ne pas commettre”. Aidés par cette réalisation, on peut pénétrer “ne pas commettre de mauvaises actions”, et on le réalise de manière décisive en s’asseyant. Les mauvaises actions ne s’évanouissent pas dû aux causes et aux conditions, elles ne sont rien d’autreque “ne pas commettre”. Si les mauvaises actions sont équilibrées, tous les dharmas sont équilibrés.

« Pratiquer de nombreuses sorte de bien. » Même si les nombreuses sortes de biens sont comprises dans le bien, il n’y a aucune sorte de bien qui est réalisée d’avance et qui attend que quelqu’un la fasse. C’est-à-dire que même si l’on peut considérer le bien d’une manière abstraite, le bien même ne peut être réalisé que par l’action dans l’instant présent. Parmi les nombreuses sortes de bien, pas une ne manque d’apparaître à l’instant même où l’on fait le bien. Elles sont la pratique sincère, mais ne sont pas de l’auteur de l’action ni connues de lui, et ne sont pas de l’autre ni connues de lui.

L’action juste est la pratique sincère, mais ce n’est pas quelque chose qui peut être pénétré par l’intellect. La pratique sincère dans le présent est un œil vigoureux, mais cela dépasse toutes considérations intellectuelles. Les nombreuses sortes de bien ne sont rien d’autres que la pratique sincère, quels que soient le lieu et le temps où elles sont réalisées.

Ce n’est pas que les causes sont antérieures et les effets ultérieurs ; plutôt, les causes se satisfont parfaitement d’elles-mêmes, et les effets se satisfont parfaitement d’eux-mêmes. Lorsque les causes sont équilibrées, le darma est équilibré, et lorsque les effets sont équilibrés, le darma est équilibré. Attendus par les causes, les effets sont ressentis, mais ce n’est pas une question d’avant ou d’après, car en vérité, le moment antérieur et le moment ultérieur sont équilibrés.

Extrait d’entretiens de maître Nishijima à la radio 1 de la NHK, 1994

Le Bouddhisme est centré sur l’action, et sur l’acceptation de la situation réelle, celle qui est devant nous dans notre vie de tous les jours ; mener une vie sincère.

De nos jours, on use l’une des deux attitudes fondamentales de la vie quotidienne : positive, optimiste, ou négative, critique. J’ai l’impression que la majorité des gens, dans les sociétés modernes, ont un point de vue critique, pessimiste, ou négatif : que devrions nous faire pour les armes nucléaires ; que devons-nous faire pour préserver la terre de la pollution ; comment résoudre le problème de la couche d’ozone ; qu’est-ce que les hommes sont stupides pour créer des situations comme la Somalie ; pourquoi les pays d’Europe de l’Est sont toujours en train de se battre ?

Ces sortes de soucis pessimistes sont des vues négatives et sont largement répandus. Mais ce n’est pas la voie bouddhique. Nous vivons juste au moment présent. Nous nous concentrons et agissons à ce moment. Aussi longtemps que nous agissons au moment présent, en faisant des efforts pour améliorer la situation, nous sommes libres de l’angoisse et de la souffrance.

En général, on pense que les religions embrassent cette sorte d’attitude “concernée”, ce qui est fondamentalement pessimiste. Cela provient d’une croyance, qui veut que notre monde soit plein de péché et d’impureté. Si nous nous forçons à aller de l’avant en nous efforçant de nous débarrasser de la face mauvaise du monde, de sorte que seule reste la bonne, nous finissons par nous sentir anxieux et pessimistes. C’est là un aspect habituel de la religion.

Mais le Bouddhisme n’a pas de tel point de vue. Il n’y a pas d’impératif pour améliorer la réalité. Nous acceptons la merveille du monde tel qu’il est. Cette attitude d’accepter les choses comme elles sont est notre état naturel ou originel. Si notre comportement s’égare de la voie naturelle, nous générons notre propre insatisfaction et nous mettons à nous plaindre. C’est ce qui nous conduit à avoir une vision pessimiste et négative du monde.

Evidemment, il y a des choses qui se produisent, dans la vie, qui nous rendent malheureux parfois, mais la question, c’est de savoir si cette sorte de point de vue est la vue fondamentale correcte.

Extrait adapté de « La source brille dans la lumière » de Shunryu Suzuki

Le bouddhisme ne traite pas les êtres humains comme une catégorie à part, ce qui relève de l’illusion et de l’égoïsme. C’est pourtant une façon de penser tout à fait normale chez les êtres humains, qui cherchent une vérité en dehors d’eux même, plutôt que de tourner leurs réflexions vers l’intérieur. Lorsque vous cherchez les choses à l’extérieur, cela veut dire que l’arrière-plan n’est pas assez vaste. Vous avez besoin de trouver en vous-même un peu de confiance.

En tant qu’êtres humains, nous avons notre propre nature. C’est seulement quand nous vivons avec la nature égoïste qui est la nôtre, que nous suivons la vérité, dans son sens le plus vaste. Car alors, nous prenons en compte notre nature.

Nous devons donc vivre en ce monde comme des êtres humains. Nous ne devons pas essayer de vivre comme des chats ou des chiens, qui ont plus de liberté et sont moins égoïstes. Les êtres humains doivent être mis en cage, une grande cage invisible telles que la religion ou la morale. Les animaux n’ont pas besoin de cage spéciale de ce genre. Mais nous autres, êtres humains, avons besoin de religion, nous devons dire pardon, pas les chiens et les chats. Nous devons suivre notre voie, et les animaux la leur. C’est ainsi que la vérité s’applique à toute chose.

Mais si les hommes et les animaux ont des natures différentes, l’arrière- plan est identique. Du fait que nous ne vivons ni dans le même lieu, ni de la même façon, la vérité doit s’appliquer différemment.
C’est comme l’utilisation que nous faisons de l’électricité, parfois pour la lumière, parfois pour l’amplification du son. Les êtres humains ont leur nature et les animaux la leur. Mais bien que nous l’exprimions différemment, celles-ci ont le même fondement. Tel est l’application de la vérité.

Nous ne devons pas nous attacher aux différentes utilisations, car nous faisons usage de la même nature de bouddha. Mais nous en faisons usage différent selon les situations. C’est ainsi qu’on trouve en soi-même la vraie nature dans la vie quotidienne.

Extrait du Fukanzazengi, les règles universelles pour la pratique du zazen

“Pour sanzen, une pièce silencieuse convient. Mangez et buvez sobrement. Rejetez tout
engagement et abandonnez toute affaire. Ne pensez pas : « Ceci est bien, cela est mal. »
Ne prenez parti ni pour ni contre. Arrêtez tous les mouvements de l’esprit conscient. Ne
jugez pas des pensées et des perspectives. N’ayez aucun désir de devenir un B. Sanzen
n’a absolument rien à voir avec la position assise ou la position allongée.
A l’endroit où vous avez l’habitude de vous asseoir, étendez une natte épaisse et placez
un coussin dessus. Asseyez-vous en lotus ou bien en demi-lotus. Dans la posture du
lotus, vous placez d’abord votre pied droit sur votre cuisse gauche, et votre pied gauche
sur votre cuisse droite. Dans la posture du demi-lotus, vous vous contentez de presser
votre pied gauche contre votre cuisse droite.
Veillez à desserrer vos vêtements et votre ceinture, arrangez-les convenablement.
Placez alors votre main droite sur votre jambe gauche et votre main gauche (tournée
vers le haut) sur votre main droite; les extrémités des pouces se touchent.
Asseyez-vous bien droit, dans l’attitude corporelle correcte, ni penché à gauche, ni
penché à droite, ni en avant, ni en arrière.
Assurez-vous que vos oreilles sont dans le même plan que vos épaules et que votre nez
se trouve sur la même ligne verticale que votre nombril.
Placez votre langue en avant contre le palais; la bouche est fermée, les dents se
touchent.
Les yeux doivent rester toujours ouverts, et vous devez respirer doucement pas le nez.
Quand vous avez pris la posture correcte, respirez profondément une fois, inspirez et
expirez. Inclinez votre corps de droite et de gauche; et immobilisez-vous dans une
posture stable. Pensez à ne pas penser. Comment pense-t-on à ne pas penser? Au-delà
de la pensée (hishiryo). Cela en soi est l’art essentiel du zazen.
Le Zazen dont je parle n’est pas l’apprentissage de la méditation, il n’est rien d’autre
que le Dharma de paix et de bonheur, la pratique-réalisation d’un éveil parfait. Zazen est
la manifestation de l’ultime réalité. Les pièges et les filets ne peuvent jamais l’atteindre.
Une fois que vous avez saisi son coeur, vous êtes semblable au dragon quand il arrive à
l’eau et semblable au tigre quand il pénètre dans la montagne. Car il faut savoir qu’à ce
moment précis (quand on pratique Zazen), le vrai Dharma se manifeste et que dès le
début on écarte le relâchement physique et mental et la distraction.”

Extrait du Kālāma Sutta, sutta n° III-65 de l’Anguttara Nikaya.

Les Kalamas, habitants de Kesaputta, interrogent Gautama Bouddha : différents maîtres énoncent différentes doctrines, et ils ne savent qui croire. Le Bouddha leur répond :

” Maintenant, écoutez, Kālamā, ne vous laissez pas guider par des rapports, par la tradition ou par ce que vous avez entendu dire. Ne vous vous laissez pas guider par l’autorité de textes religieux, ni par la simple logique ou l’inférence, ni par les apparences, ni par le plaisir de spéculer sur des opinions, ni par des vraisemblances possibles, ni par la pensée « il est notre maître ». Mais, Kālamā, lorsque vous savez par vous-mêmes que certaines choses sont défavorables, fausses et mauvaises, alors, renoncez-y… Et lorsque par vous-même vous savez que certaines choses sont favorables et bonnes, alors, acceptez-les et suivez-les.”